[Fashion] RO HF : Le Divide et Impera de Rick Owens

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Nous connaissions l’amour de Rick Owens pour les chevaux. Pour reminder, il affichait un décor de poney lors de sa célèbre Selfridges Party de Londres l’an dernier. Mais la bizarrerie dérangeante du designer a encore frappé. Après avoir fait défiler ses mannequins zizis à l’air lors de la dernière Fashion Week parisienne, le créateur publie une vidéo emplie de darkness dans laquelle il s’adonne à une ivresse corporelle avec… un cheval.

Triptyque moderniste pour célébrer le lancement de sa collection SS15, sous l’influence youth culture de la réalisatrice, Danielle Levitt. C’est tout naturellement que nous assistons à l’union illusoire entre le designer et un bel étalon noir (non, je vous assure, il n’y a aucune métaphore), sur une musique de Bames, groupe à l’origine de la bande son du dernier show (il les aime bien visiblement).

Au-delà de la zoophilie (ne vous inquiétez pas, rien est montré, tout est juste clairement suggéré), le clip se base sur le principe de la dualité contrastée. Une liberté excessive ponctuée de désinvolture nous amène au démiurge, à la profanation de ce que certains appellent le centaure. Une créature mythologique immortelle, se laissant aller à l’ivresse et à la luxure, connue pour son animalité et sa violence sauvage.

www.pegasebuzz.com | Rick Owens : RO HF

Une bestiole, mi-homme, mi-cheval, comme source d’inspiration pour les artistes. Nous la retrouvons dans l’art grec principalement, mais aussi dans les poésies d’Homère, et dans la sculpture de Michel-Ange, Combat des centaures, 1492. Une aliénation pour réveiller la bête qui sommeille en l’homme.

https://www.youtube.com/watch?v=l_TcM7SyW6Q

Mais le dualisme irascible ne se montre pas que dans ce double corps. Ce parallèle fréquent entre le blanc et le noir, un code couleur qui galonne et amène une connotation perpétuelle entre le bien et le mal, l’humain et l’animal, le contrôle et la pulsion, la pureté et le trash. Un montage divisé rythme le clip, saccadé à coup de négatifs et d’effets miroir. Un langage visuel qui signe un ésotérisme de l’esthétique.

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Rick Owens revisite la création de cette légende biblico-mythologique, en ajoutant la bizarrerie qui lui est propre. Le clip se base sur le rapport sexuel des animaux. Le charme, ou la parade, lorsque le designer danse à moitié nu, timidement d’abord, puis avec frénésie sur son socle blanchâtre. Le cheval, imposant sa beauté froide, arrive dans le cadre. Focus sur ses yeux et ses parties génitales.

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Séduction, eye-contact puis rencontre. Outre la beauté du plan où le créateur rencontre la bête, où cheveux et crins se confondent dans un noir au plus lisse de la quintessence, c’est un vrai parallèle aux préliminaires. Les sens se développent, la main passe sur l’épaule, descend sur les reins puis caresse la croupe. Le beat de la musique s’accélère et s’intensifie, évoquant une mise en tension, tout comme le rythme cardiaque lorsque l’excitation monte. Apparition d’un appareil aux allures étranges, lignes dures et perpendiculaires, et gros plan sur le matériaux : du bois, pour connoter le rapport brut et naturel (bah oui, le romantisme n’a pas sa place ici).

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L’homme arrive et se range, s’agrippe. Les plans sont filmés en plongée, nous montrant mains, cheveux et chute de reins, véritables symboles de la sexualité. Un large bracelet à chaque main rappelle les menottes, allusion faite au sado-masochisme (ha cool, on commençait à trouver ça banal !). Mouvements cosmiques, secousses (beaucoup de secousses, à croire que ça remue) et flous précèdent ruade et cabré de l’étalon, avant de voir un Rick Owens triomphant, le poing levé (une dédicace à Amel Bent, sûrement).

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Et la tronçonneuse dans tout ça ? Avec sa forme phallique et ses entrées-sorties du champ, comme des va-et-vient, elle est un rappel direct à la pénétration sexuelle. Outre la symbolique, elle est aussi, de par son utilité, l’icône de la division façon trash.

Rick Owens l’avait confié à Vanessa Fredman lors d’une interview pour le NY Times, il déteste faire des moodboards, qu’il trouve trop explicatifs sur son travail. Du coup, il se permet des envolées d’un lyrisme exacerbé aux influences occultes. Rick Owens, diviser pour mieux régner ? Peut-être, mais non sans étrange ni côté sombre. En bref, de quoi vous décomplexer d’avoir été tenté(e) par une pratique sado-masochiste repérée dans Cinquante nuances de Grey (un film pour enfants, à côté de ce clip) !

A très vite,
Andy
XXX
Photographer : Danielle Levitt

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