Covid-19 : quand la Fédération Française d’Équitation perd 40 000 licenciés

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VERS DE NOUVELLES SOURCES DE REVENUS POUR l’ÉQUITATION ?

Depuis le début du confinement, la Fédération Française d’Équitation a perdu entre 40 000 et 45 000 licenciés d’après un article paru dans Le Cheval le 26 juin 2020, soit l’équivalent d’environ 10 millions d’euros de perte de chiffre d’affaires. Cet article me pose question et j’aimerai partager mes interrogations avec vous.

Troisième fédération française sportive avec 600 000 licenciés jusqu’alors, la FFE dégageait 41 millions d’euros de chiffre d’affaires à travers ses différentes sources de revenus – dont les licences et les engagements en compétition – avant d’être frappée par la crise économique et sanitaire du Covid-19. Doit-on s’en inquiéter ? La chaîne solidaire pour les structures équestres a permis de récolter près d’1,04 millions d’euros dont près de 75% ont déjà été repartis mais seront-ils suffisants pour sauver l’équitation de sport et de loisirs en France ?

Pour Serge Lecomte (président de la FFE, ndlr), il est important de « ré-imaginer dans son ensemble le dispositif de solidarité ». Cela signifie-t-il que l’équitation doit à présent se fonder uniquement sur une économie solidaire pour survivre ? Pendant combien de temps ? Que faire en attendant ?

Dans cette étude détaillée de l’impact économique du Covid-19 dans la filière équine pendant le confinement menée par l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation, aucunes questions ne se réfèrent aux cavaliers ayant disparu des radars de la FFE. Qui sont ces licenciés perdus ? Quel est leur profil ? Nouveaux clients ? Compétiteurs ou cavaliers de loisirs ? Quels âges ont-ils ? Quels taux représentent-ils ? Quelles régions ont-elles été le plus touchées ? Pour quelles raisons ont-ils décroché ? Comment les séduire à nouveau ?

Il me semble important de comprendre pourquoi les individus ont envie de monter à cheval ou de s’intéresser au cheval en 2020. Qu’est-ce que ça leur apporte ? A quel besoin cela répond-il ? On s’enlise depuis une vingtaine d’années au moins à proposer éperdument le même schéma de consommation de l’équitation à travers le prisme du centre équestre (des cours, des stages, de la compétition) sans jamais remettre en question ce modèle, sans jamais poser la question des motivations intimes des (futurs) cavaliers de s’intéresser aux chevaux. N’y a-t-il pas d’autres sources de revenus possibles ?

Nous voyons dans le modèle des salles de sport une innovation permanente de l’offre proposée : différentes formes d’une même discipline (yoga bikram, nidra, kundalini…), nouveaux sports (swimcross, extrem HIIT, fit ballet), expérience enrichie (sauna, hammam, spa, bar à jus). L’équitation est-elle capable d’innover en matière de proposition commerciale ou est-elle figée dans la tradition du modèle centre équestre ?

L’économie solidaire est une solution qui ne saura se substituer qu’à court terme aux faiblesses du modèle économique de notre sport et des contraintes de ses consommateurs : manque de temps, manque de moyens financiers, difficultés de transports, crise économique. Penser l’équitation comme un produit, améliorer l’expérience client en centre équestre, gérer les structures avec méthode est indispensable pour pouvoir continuer de soigner nos chevaux avec la plus haute exigence et de leur permettre d’exercer un sport ou un loisir équestre dans les meilleures conditions de bien-être animal et d’éthique en 2020 et aussi longtemps que cela sera possible.

Quand j’observe les mouvements et les tendances dans la société, je ne trouve pas que l’équitation soit un sport vendeur. S’il est facile d’attirer une clientèle enfant-adolescente par le rêve, le client adulte est quant à lui presque hors d’atteinte avec notre système actuel. Le client doit quasi-automatiquement rentrer dans une case sans que cela prenne en compte ses aspirations, son mode de vie et son emploi du temps (travail, enfants…). Seuls les ultra passionnés feront en sorte de s’y plier. Les autres préféreront renoncer car les contraintes seront supérieures à l’envie et/ou les « bénéfices » à obtenir (bien-être physique et mental, plaisir, moments de convivialité, etc). Et s’il était là le chiffre d’affaires perdu ? Et si l’on pouvait trouver des solutions pour minimiser les contraintes de ces clients perdus ou de ces clients pour l’instant inatteignables ? Le potentiel du « produit équitation » est illimité par une multitude de disciplines équestres et par sa principale valeur ajoutée : le cheval. Pourtant du point de vue grand public, l’offre parait réduite et similaire d’un centre équestre à l’autre.

L’ultime question : qu’est-ce que le cheval peut-il apporter à l’humain d’aujourd’hui et comment le monétiser pour faire vivre la filière du sport équestre de façon totalement indépendante ?


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10 Responses
  • Sandrine
    août 6, 2020

    Roxanne, la fédération française d’équitation à besoin de toi et de ton esprit d’analyse !

    • Odile Peixoto
      août 8, 2020

      Le cheval est un thérapeute hors pair, un athlète d exception, un artiste de la vie qui savoure ( ou pas!)chaque instant comme il vient.
      C est un compagnon du fond des âges qui nous connait mieux que nous le connaissons alors oui il y a beaucoup de choses à apprendre de lui sur nous mêmes et sur le sens de la vie

      • Thierry
        août 11, 2020

        Oui, Odile

  • Jessica Touraine Cheval
    août 8, 2020

    Il y a certes beaucoup de centres “classiques” mais n’oubliez pas nos nouveaux centres équestres, trop peu nombreux encore, mais orientés loisirs, tourisme, equicoaching, … Nous nous adaptons à nos cavaliers de tout âge, notre clientèle adulte est la plus développée, et nous gagnons des licenciés Depuis la création en 2011, nous sommes passés de 4 chevaux à 50, et nous sommes désormais 3 monitrices sur la structure, pour proposer un service toujours plus innovant … Nous travaillons beaucoup et avec passion, et nos cavaliers nous le rendent bien

    • Philippe Jean DARROUX
      août 12, 2020

      Bonjour Jessica, Merci, voila une belle démonstration de vers quoi devrons évoluer les CE. Je suis enseignant et joueur de polo, nous recrutons dans la grande région parisienne de nombreux adultes et enfants. La rigidité des compétitions classiques devrait laisser aussi une place aux promenades, a des prix raisonnables de pensions au pre, on voit partout des chevaux dans la moindre prairie, la sont aussi les licencies perdus. Philippe

    • Philippe Darroux
      août 22, 2020

      Merci de partager et diffuser largenent cette belle experience si possitive! Nos CE doivent evoluer et suivre les tendances de nos pratiquants. Il est si important de reequilibrer les cavaliers des CE par rapport aux cavalieres. Wt pronouvour d’avantage les approches des chevaux dont le contact est si fort. Philippe

  • Dominique
    août 8, 2020

    La réaction de la FFE et des clubs lors de la crise est pour moi incompréhensible. Alors que c’est un sport d’extérieur, la position prise à été de rejeter les cavaliers sans se préoccuper de leurs attentes et sans commune mesure avec le risque pris. Ce à quoi s’est rajoutée l’interdiction faite aux propriétaires d’accéder à leur cheval avec des remarques désobligeantes. Ce qui m’étonne ce sont les plaintes et la surprise des professionnels ensuite. Enfin cette crise a fait monter la problématique de bien être animal négligée par les clubs malgré la préoccupation grandissante du public.

  • Jacob LEGROS
    août 8, 2020

    Bonjour, je me permet de vous faire passer le lien des statistiques de la FFE. Vous pourrez y constater que la perte de licences et de 20 000 et non de 40 000. Soit entre 1000 et 2000 par région. Cela donne également un aperçu des tranches d’ages concernées par cette chute, somme toute pas si catastrophique comparé à la situation inédite et catastrophique. https://www.telemat.org/FFE/sif/?cs=4.d4c9efcf8a15d511ba025dfe7630964a71b17e7f5abcb47c73bb133eec0ca10ba63a58dc0c833db7f34afea52e5727289646d7871c82b33e17f9631aaea540745d33fb6171eb5b87aa712f7b5418f9b68e80

  • Léa
    août 30, 2020

    Pour moi, la fédération paye sa gestion du confinement, où contrairement à d’autres pays elle s’est pas battue pour que les propriétaires et autres cavaliers puissent continuer à visiter leurs équidés et monter à cheval en respectant les distances et les mesures sanitaires. Même la fédération de chasse a fait mieux…
    Plus les discours flous, qui changeaient tous les deux jours (vives les ascenseurs émotionnels) et les remarques désobligeantes en vers les propriétaires sur les réseaux sociaux, c’était incroyable un mépris pareil venant de la fédération et de ces antennes régionales!
    A croire qu’en temps que proprio, on est juste bon à payer (cher, plus des prestations supplémentaires “spéciales Covid”) et la fermer…

    Je suis propriétaire, licenciée bien que ne sortant que très rarement en compétition, et bien clairement je ne renouvellerais pas ma licence.

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